C’est quoi le suivi/tracking ?

C’est le fait de pister quelqu’un dans la rue. Ah non, ça c’est autre chose.

Le tracking, c’est le fait de suivre les actions d’un utilisateur sur un site web (ou d’un apprenant qui consulte son module de formation) et de les enregistrer.

Bon, alors ça veut dire quoi “suivre” ? C’est un mot vaste. En réalité, lorsque l’on suit quelqu’un et qu’on s’intéresse à ses données, ça n’a rien avoir avec le nombre de followers. Au contraire, c’est le fait de collecter des informations propres à l’utilisateur, sur son comportement, ses actions et ses résultats. On parle alors de ses “interactions”.

Pourquoi on collecte des données utilisateurs ?

Les données utilisateurs sont une mine d’informations sur les habitudes, les comportements des consommateurs que nous sommes. Ça vaut cher tout ça ! Alors ce qui est vrai pour des entreprises vis à vis des consommateurs l’est aussi pour les managers et responsables vis à vis des apprenants.

L’idée, dans la gestion des apprenants en ligne, est de pouvoir évaluer leurs connaissances, leur progression, leurs réponses, leurs savoirs, savoir-être et savoir-faire.

Il peut aussi être nécessaire de s’assurer des connaissances acquises, pour des raisons réglementaires, de sûreté, de sécurité, pour simplement valider/attester ou obtenir un diplôme.

Les données des apprenants sont intéressantes d’un point de vue individuel, mais aussi d’un point de vue collectif. On peut les utiliser pour réaliser des rapports, croiser des données, pour des raisons statistiques, pour calculer des pourcentages ou évoquer des tendances…

SCORM et RGPD ?

Le Règlement Général sur la Protection des Données (RGDP) définit les conditions et limites les informations retenues sur un utilisateur. Il s’appuie sur ces principes fondamentaux :

Il faut informer les utilisateurs que des données personnelles seront collectées. Cette collecte doit se faire invariablement quel que soit l’utilisateur.

Une politique de confidentialité doit être rédigée par le diffuseur (site internet, LMS…), pour indiquer clairement à quels desseins les données sont récupérées et si elles sont partagées ou non à des tiers. Les données collectées ne doivent être utilisées qu’à ces fins sous peine de lourdes condamnations.

Il n’est pas autorisé de collecter toutes les données d’un utilisateur : il faut d’ailleurs en collecter le moins possible, et justifier de l’utilité de leur collecte. Le cas contraire est condamnable et représenterait par ailleurs une charge de stockage de données colossale sur des serveurs.

Les données stockées doivent être vraies et être à jour. Elles ne peuvent pas être altérées ou transformées.

Le RGPD impose une limite de temps de conservation des données, à l’issue duquel les données personnelles seront effacées. La durée de conservation doit être la plus courte possible et doit être justifiée par l’hébergeur.

Les données récupérées doivent être stockées dans la confidentialité et de manière sécurisée. L’identité des utilisateurs doit être protégée voire anonymisée lorsque c’est possible.

Et alors, les données collectées via des packages SCORM sont-elles en phase avec le RGPD ?

La norme SCORM liste les interactions des apprenants qui peuvent être collectées : elles sont encadrées et limitées. Le package doit être conforme aux spécifications SCORM pour être facilement chargé sur un LMS. Le SCORM ne stocke pas les données, il les communique simplement au LMS, qui les récupère, les stocke et peut les afficher/restituer aux personnes qui y ont accès.

Quelles interactions sont collectées par les packages SCORM ?

Les données récoltées par les SCORMs sont de différentes natures : booléens (qui ne peut prendre que deux valeurs distinctes, comme 0 ou 1, vrai ou faux), texte libre, états définis dans les spécifications SCORM…

Un package SCORM 2004 édition 4 peut tracker jusqu’à 104 types d’informations différentes (65 interactions pour un SCORM 1.2).

Parmi elles, certaines renseignent sur le LMS qui accueille le package SCORM (8) et d’autres portent sur les erreurs possibles lors du chargement du package ou survenant lors de la diffusion du module (11 pour un SCORM 1.2, mais 26 pour un SCORM 2004 édition 4).

L’essentiel des interactions récoltées portent sur l’apprenant :

  • son nom,
  • sa localisation,
  • ses préférences,
  • ses actions,
  • ses réponses,
  • ses résultats avec le score de passage : c’est-à-dire le score à obtenir pour valider un quiz, la note minimum ou maximum possible, le score obtenu,
  • mais aussi sur l’expérience d’apprentissage : le temps passé lors de la consultation du module, son statut de complétion (si le module a été vu en entier, partiellement, non démarré), l’heure d’ouverture et de fermeture du module…

Bien que peu utilisées, d’autres données intéressantes peuvent être collectées avec les packages SCORM 2004. Elles portent sur :

  • Les objectifs (description de l’objectif, statut de réussite de l’objectif, progression de l’apprenant dans l’atteinte de l’objectif…).
  • Les caractéristiques liées aux interactions, c‘est à dire aux activités elles-mêmes :
    • Le Type (“true-false”, “choice”, “fill-in”, “long-fill-in”, “matching”, “performance”, “sequencing”, “likert”, “numeric” or “other”),
    • Les réponses données s’il s’agit d’une question,
    • La pondération de la question (fait qu’une question rapporte plus de points qu’une autre dans le calcul d’un score),
    • Le temps de réponse,
    • La dernière page consultée avant de quitter le module, afin que l’apprenant la retrouve en se reconnectant la fois suivante,
    • Les commentaires (textes libres rédigés par les apprenants, leur type, à quel moment…).

Mais alors, pourquoi nous intéressons-nous seulement au score et à la complétion alors qu’il y a autant de données récoltées par un package SCORM ?

Il y a plusieurs raisons.

La première est que la plupart de ces informations sont d’ordre technique. Elles portent sur la nature du LMS, ou sont peu intéressantes pour le suivi en tant que tel des apprenants. Elles peuvent correspondre à des moments, des types d’information normée.

La seconde est que tous les LMS, même les plus complets, ne permettent pas d’afficher ou de gérer ces informations. Certains ne peuvent accepter que des SCORM 1.2 par exemple.

Par ailleurs, les LMS se contentent généralement de présenter les informations les plus recherchées (note, statut de complétion, nombre de tentatives, heure de la dernière consultation…) sous forme de rapport.

Que font les LMS des données récoltées ?

En fonction des besoins exprimés pour le dispositif de formation, les données récoltées peuvent permettre de :

  • Relancer les apprenants et les réinviter à consulter un module ou à le finaliser,
  • Débloquer un module ou un parcours pédagogique de formation, pour poursuivre la formation qui est prévue pour l’apprenant,
  • Obtenir un badge, lorsque le parcours de formation est gamifié,
  • Délivrer un certificat qui atteste du suivi de la formation ou que la note obtenue permet à l’apprenant de valider son apprentissage,
  • Extraire des rapports qui peuvent déterminer d’autres données (nombre d’apprenants qui ont suivi la formation, moyenne des notes obtenues à une évaluation…),
  • Suggérer à l’apprenant d’autres formations à suivre sur des sujets similaires ou plus avancés,
  • Regrouper des résultats par zones géographiques, par entreprises, sites, groupes d’apprenants…

Quel tracking apprenant pour demain ?

L’intelligence Artificielle associée aux LMS va permettre une utilisation nouvelle des données récoltées sur les apprenants. Pour de bonnes ou de mauvaises raisons, elles permettront de suggérer de nouvelles données, à destination des apprenants eux-mêmes ou de leurs supérieurs/managers. L’ultra-personnalisation des contenus va toujours se heurter à la réglementation et à la réglementation sur la propriété privée et le caractère personnel des données.

Il sera peut-être ainsi possible, dans un futur proche, via les futurs packages SCORM ou d’autres normes nouvelles, de possiblement :

  • Déterminer le nombre de tentatives pour obtenir une réponse correcte à une question,
  • Reproduire le circuit de la souris (curseur) sur l’écran de l’apprenant,
  • Suggérer des contenus nouveaux proches de ceux qui intéressent l’apprenant,
  • Adapter le contenu à transmettre en fonction des caractéristiques de l’apprenant (manière de présenter les informations, taille de la police, couleurs préférées à privilégier, modèles d’activités préférées…).

L’utilisation de l’IA et le RGPD vont évoluer. C’est une affaire à suivre de très très près.

Vous êtes un pro et les informations techniques (et en anglais) sur les SCORMs ne vous font pas peur, vous pouvez consulter ce dossier : SCORM Interactions – Creative use of interactions in SCORM® – Claude Ostyn

Vous souhaitez en savoir plus sur toutes les interactions des différents packages SCORMs, retrouvez-les dans ce guide : SCORM.com – SCORM Run-Time Reference Guide